La ficelle est un peu grosse. Le groupe Pierre et Vacances – Center Parcs (PV – CP) affiche, sans sourciller, son engagement en termes de responsabilités sociétales des entreprises (RSE). La façade, à savoir le site internet de Center Parcs, paraît rutilante… mais de prime abord, seulement. A y regarder de plus près, le vernis craque, s’effrite. Nombreux et nombreuses sont les personnes, les collectifs ou encore les associations à contredire les assertions de Center Parcs, une des branches du leader européen de la résidence de tourisme (PV – CP). En tout premier lieu, ces associations qui depuis plusieurs années s’opposent, qui à la construction de nouveaux domaines, qui d’autres à l’extension de ceux existants (sept en France pour un total de 27 en Europe).
Les opposants s’accordent tous et dénoncent le modèle, tout sauf vertueux, que développe Center Parcs. Cela vaut tant d’un point de vue environnemental que sur le champ des rapports sociaux au sein des domaines. Nous avons souhaité interroger Center Parc sur ces sujets, avec pour seul guide la nécessaire contradiction qui sied à l’exercice qui est le nôtre : à savoir informer. Malgré de nombreux appels et messages laissés, explicitant clairement l’objet de notre appel, et ce aux trois responsables de la communication de Center Parcs France, nous n’avons obtenu aucun retour au moment de la publication de ces quelques lignes. Pour autant, et pour l’heure, le focus choisi se porte sur un point précis. Lequel illustre l’affichage de façade de Center Parc. : « ceux qui font Center Parcs ».
Le sens de la sémantique
« Nous prenons soin de ceux qui font Center Parcs au quotidien : clients, employés ainsi que toute notre communauté ! ». Voilà ce que tout un chacun peut lire sur le site de Center Parc, sous l’onglet « Découvrez-nous » à la rubrique « Nos engagements.. », point n°4 « Au service de notre communauté ». Dont acte !
Mais les faits sont têtus. Plusieurs sources concordantes démontent ce qui n’est que de l’ordre du discours d’un acteur du tourisme de masse qui s’autoproclame parangon de vertu.
Derrière ces mots se cachent une toute autre réalité. Singulièrement en ce qui concerne les « clients » et les « employés ». L’exercice auquel l’association EcologiAction 71 (opposante à la création de deux Center Parcs en région Bourgogne – Franche-Comté) s’est adonnée, est assez instructive. Du moins en ce qui concerne les « clients ».
EcologicAction71 a listé bon nombre de témoignages fort peu élogieux de la part de personnes ayant fréquenté les divers Center Parcs français. L’association a ainsi collecté les commentaires sur diverses plate formes.
« S’intéresser aux retours-clients des Center Parcs, c’est obtenir une photographie des lieux, des retours sur expérience. Les commentaires et les photographies (voir sur le site Tripadvisor) les accompagnant révèlent la réalité vécue de ceux qui payent – fort cher – leur séjour. Le coût élevé est d’ailleurs un point souvent mentionné, y compris par les clients satisfaits de leur séjour. », souligne l’association. Sans compter les problèmes d’hygiène, voire de santé publique, d’accidents en tout genre (du plus bénin au mortel) dont les titres de la presse locale se sont faits l’écho*. Serait-ce là, la conception, l’acception du vocable « soin » chez le leader européen de la résidence de tourisme ? La question reste posée. Et demeure sans réponse !
Balayer devant sa porte
Tout aussi intéressant est ce témoignage relatif aux conditions de travail des « employé(e)s ». Nassira El Moaddem a réalisé un reportage, in situ, qu’elle a consigné sous la forme d’un livre : Les filles de Romorantin. L’ouvrage a été publié en 2019 aux Éditions L’iconoclaste. L’auteure y dénonce des conditions de travail peu flatteuses pour l’employeur : Center Parcs.
Extraits : « Les trois qualités attendues des agents de nettoyage sont la rapidité, l’organisation et la rigueur. Il en faut, pour nettoyer les 476 cottages d’un domaine de 115 hectares divisé en dix zones. Au fil de la présentation du poste, je comprends que ça n’a pas changé : même nombre d’heures, même emploi du temps qu’il y a quinze ans. Quatre heures trente le lundi, quatre heures trente le vendredi, de 10 heures à 12 heures puis de 12h30 à 15 heures… Neuf heures par semaine au total, soit l’équivalent d’une seule journée de travail pour un emploi à temps plein, un contrat « très partiel », reconnaît à demi-mot l’une des deux responsables.
La période d’essai, d’un mois, renouvelable une fois, « l’est systématiquement ». Le salaire ? 300 euros net. C’était déjà scandaleux pendant mes études. Lors de mon entretien individuel, je ne peux m’empêcher de pointer le faible nombre d’heures proposées. Réponse sidérante de mes interlocutrices : « On ne proposera jamais des contrats à trente-cinq heures, ça abîme les personnes. On préfère proposer plein de petits contrats mais que les personnes gardent leur santé. Faire trente-cinq heures de ménage, c’est un sacré rythme ! » Je sais que c’est faux, Lucia était passée aux trente-cinq heures peu de temps après avoir démarré. Je ne dis rien… ».
Pour autant l’auteure poursuit le fil de son récit, contredisant cette notion de « soin » soi-disant apportée à ses employées, par CP.
Rien que pour ces deux points évoqués, PV – CP serait bien inspirer de balayer devant sa porte, celle d’un système touristique capitalistique qui est tout sauf vertueux. Un modèle qui ne prend guère soin de son environnement, ne serait-ce que social.
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