A Savennières, petite commune d’à peine plus de 1 000 habitants, l’épicerie coopérative ouverte en 2007 a fait ses preuves.
Savennières, ses 146 hectares de vignoble en AOC, son église Saint-Pierre et Saint-Romain considérée comme la plus ancienne d’Anjou, ses chemins de rando à flancs de coteaux ou en bord de Loire et… son épicerie coopérative. « La première du département et peut-être la première de France » sourit Jacques Chambrier, l’un des quatre initiateurs du projet. « Après la fermeture du dernier commerce de bouche du village en 1996, la mairie a décidé d’aménager le garage du presbytère pour offrir l’opportunité à un nouveau commerçant de s’installer dans un bâtiment appartenant à la commune. Deux vont le faire mais vont chaque fois échouer. C’est à ce moment-là qu’avec Evelyne De Pontbriand, Eric Beaudet et Richard Marais, nous avons eu l’idée de monter une Société Coopérative d’Intérêt Collectif, un statut créé en juillet 2001. La première réunion de présentation, qui attire 150 personnes, va bien au-delà de nos espérances et finit de nous convaincre que notre projet peut voir le jour ».
1 200 coopérateurs
Et effectivement en décembre 2007, grâce aux 40 000 € réunis par les premiers coopérateurs (ils sont aujourd’hui environ 1 200), « Saveurs « ouvre ses portes. « Une dizaine de personnes, plus motivées que les autres, ont pris plusieurs parts (1 part valait et vaut encore 50 €). Elles n’ont malgré tout qu’une seule voix à l’AG et aucune possibilité de récupérer leur mise, ni de se voir distribuer de dividendes puisque tels sont les principes d’une SCIC. En dehors de coopérateurs individuels, habitants du village ou pas, les collectivités territoriales ont également participé. La commune de Savennières a pris pour 1 000 € de parts. Celle de Béhuard, la moitié » reprend Jacques Chambrier.
Après deux premières années d’exploitation déficitaire qui obligent à réorienter en partie l’activité et à rajouter de l’argent dans la SCIC, « Saveurs » a désormais trouvé son rythme de croisière. Sébastien, l’un des quatre employés avec Vanessa (là depuis l’ouverture) Marion et Laëtitia, le confirme. « On est ouvert de 9h à 12h30 tous les jours et de 15h30 à 19h15 sauf le dimanche et le chiffre d’affaires, longtemps resté autour des 250 000€ annuels, est passé à plus de 400 000 à la sortie de la crise sanitaire. Les principes de base, à savoir proposer au moins 50 % de produits bio et favoriser les circuits courts, séduisent en effet les habitants du village comme les touristes qui s’arrêtent chez nous lorsqu’ils empruntent par exemple le circuit de la Loire à vélo ou la route des vins de Loire. On a une cave quasi entièrement dédiée à l’AOC Savennières avec 35 producteurs référencés sur les 42 que compte le vignoble. Et on peut trouver chez nous du miel de Saint-Sylvain-d’Anjou, du sirop de rose de Seiches-sur-le-Loir, des confitures de la Membrolle, des savons de Longuenée-en-Anjou, des framboises des Ponts-de-Cé, du fromage de chèvre de la Possonnière, de l’agneau de Trémentines, de la charcuterie de Saint-Barthélemy-d’Anjou, du pain d’un paysan-boulanger de Saint-Aubin-de-Luigné et même de l’anguille fumée de Chalonnes-sur-Loire ».
Un exemple dans toute la France
Mais la plus grande fierté des coopérateurs, c’est que leur épicerie, qui a eu les honneurs de toutes les grandes chaines de télé nationales, soit devenue au fil des ans un exemple. « En Maine-et-Loire, « Saveurs d’Aubance » (St-Melaine/Aubance) et « Goût Layon » (Rablay/Layon) sont des petites sœurs de « Saveurs ». Et depuis l’ouverture, on a eu au moins 150 coups de fil et plus d’une soixantaine de visites de représentants de communes de toute la France qui souhaitaient éventuellement se lancer et voulaient savoir ce qu’il fallait faire et comment on fonctionnait » jubile Jacques Chambrier.
Seule petite ombre au tableau après bientôt 16 ans de fonctionnement, une implication moindre des coopérateurs après la crise sanitaire. « La SCIC permet en effet le bénévolat sans qu’il s’agisse au regard de la loi de travail dissimulé et avant le COVID, un certain nombre de personnes venaient d’ailleurs régulièrement pour faire de la mise en rayon, tenir la caisse ou allaient chercher les commandes chez les producteurs. Jusqu’au jour où on leur a demandé, par précaution, de rester chez eux et malheureusement, ils ne sont pas revenus. Et c’est dommage » regrette Sébastien lui-même saponarien et coopérateur.
Jean-Pierre Chafes
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