Depuis un an, entre écoresponsabilité et réalité de l’habitat partagé, les sept familles en cohabitat au coeur d’Ecolodo, ont surtout appris à développer l’art du vivre ensemble. Une façon de mettre à l’épreuve leur volonté à chacun de vouloir faire société autrement.
Arrivées les unes après les autres, à partir d’août 2018, elles sont sept familles (14 adultes, 11 enfants) à s’être installées sur le site d’Ecolodo dans le quartier des Dolantines à Pelouailles-les-Vignes, petite commune rurale de la périphérie d’Angers. Retraités pour certains, jeunes parents pour d’autres, infirmière, documentaliste, chargé de maintenance, professeur des écoles, machiniste, opticienne, assistante maternelle, thermicien ou bien encore formateur, ils et elles ont en commun d’avoir choisi de vivre une expérience de cohabitat, en alliant habitat en commun et développement durable.
« Les matériaux utilisés pour la construction et l’isolation (bois, ouate de cellulose, OSB…), le système de chauffage et d’eau chaude avec panneaux solaires et chaudière à granulés, le récupérateur d’eau de pluie de 12000 litres utilisé pour le jardin… montrent effectivement notre volonté d’avoir un impact environnemental réduit et de vivre de façon écologique » énumèrent Joël et Mano Lebreton. Rassemblés autour de valeurs écologiques, ils ont poussé l’expérience plus loin, pour trouver une façon vertueuse de vivre ensemble.
La solidarité entre les sept familles s’est exprimée dès les débuts du chantier. Crédit Jean-Pierre Chafes
Une journée de travail collectif par mois
« A Ecolodo, le partage, l’entraide, la mutualisation ou la convivialité sont des valeurs qui nous tiennent particulièrement à cœur et qui font partie de notre quotidien ».
C’est ainsi que la communauté du hameau a grandi, en formalisant par exemple des rendez vous tels que les Chantiers Tous Ensemble:
« Une fois par mois, nous organisons effectivement une journée de travail collectif, nous partage Joël. Ça entretient le
lien entre nous, mais ça nous a permis par exemple de réaliser l’abri à vélos ou de nous occuper de notre potager. En juillet, le dernier CTE a été consacré à finir le bardage ».
Les réunions pour le bon fonctionnement d’Ecolodo sont donc relativement formelles et et désormais mensuelles, où sont traités les sujets concernant la collectivité. « On y a décidé en particulier que chaque famille serait d’astreinte, à tour de rôle pendant une semaine pour vérifier que les lieux collectifs sont bien fermés, pour sortir les poubelles, etc ». Petite précision importante : à Ecolodo, les décisions sont prises à l’unanimité. « Si on n’est pas tous d’accord sur un sujet majeur, on se laisse dans un premier temps quelques jours de réflexion. Souvent en effet devant le groupe, on ne veut pas céder et puis finalement quand on rentre chez soi, on pèse le pour et le contre en repensant aux arguments évoqués. Moi par exemple, je n’étais pas favorable au bardage, et j’ai fini par me ranger à l’avis des autres », explique Julie qui avec Willy et leurs enfants Nino et Emy ont été la troisième famille à s’installer, en 2019. Et si Julie avait continué à s’opposer au bardage ? « On ne l’aurait pas fait » reprend Joël. « Chaque adulte dispose d’une voix et les 14 voix sont nécessaires pour que la décision soit prise. On a eu par exemple une demande d’EDF pour visiter Ecolodo. Une famille n’était pas d’accord ; on a répondu à EDF qu’on ne souhaitait pas les recevoir ».
Un cohabitat, ouvert sur le monde qui l’entoure
Malgré une forte solidarité interne et un mode de gouvernance volontairement sociocratique, Ecolodo ne fonctionne pas pour autant en cercle fermé. C’est au contraire une image dont Joël et les autres « Ecolodiens » veulent se défaire depuis le début de l’aventure. « Lorsque nous nous sommes installés, certains voisins ont pensé que cohabitat signifiait qu’on vivait tous ensemble, dans un même logement, et que nous formions une sorte de communauté. Ils ont vite vu que si on n’avait pas de véritable barrière entre nos logements, chaque famille avait son chez soi et que malgré notre potager collectif, il n’était pas question d’auto-suffisance alimentaire. Si on produit tout tout seul, on n’a plus besoin des autres. Et nous, nous ne ne voulons pas être enfermés sur nous-mêmes. On a envie d’être ouvert sur le quartier, sur la commune, sur le monde. Et l’inauguration d’Ecolodo le 3 septembre 2022, a été l’occasion pour les élus et les voisins de s’en rendre compte par eux-mêmes » !
Plus encore, pensé comme un lieu de biodiversité humaine et culturelle, les habitants d’Ecolodo ont ainsi accueilli en juillet dernier des musiciens maliens. « Invité d’un festival dans la commune des Ponts-de-Cé, ils étaient à la recherche d’un lieu pour répéter. On leur a prêté la salle ; on s’est occupé de leurs repas et pour nous remercier, ils nous ont offert un petit concert d’une demi-heure auquel nous avons conviés nos voisins ».
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