Dans ce court essai, le géographe Christophe Guilluy qui s’était fait connaître en 2014 avec le concept de France périphérique, décrit la ségrégation qui s’opère, tant au niveau géographique que culturel entre la classe sociale dirigeante et les catégories populaires. Le livre s’ouvre sur un rappel de l’été 1936 marqué par les premiers congés payés décidés par le gouvernement du Front populaire. Aujourd’hui, c’est le grand bond en arrière puisque l’accès à la mer devient très difficile pour la majorité des gens. L’auteur parle du mur de l’Atlantique pour signifier qu’après la côte d’azur c’est tout le littoral qui est progressivement accaparé par les catégories sociales aisées (CSP+). Ce phénomène de ségrégation géographique se poursuit également dans les métropoles dont les centre villes sont réservés aux CSP+ du fait de la flambée des prix de l’immobilier et la « Airbnbisation » des logements et dont les classes populaires sont déplacées toujours plus loin. Ainsi, la « France périphérique », composée des villes petites et moyennes et des campagnes regroupe t’elle la majorité des « gens ordinaires » (expression de Guilluy). Quant aux banlieues des métropoles, elles concentrent les populations d’origine immigrée qui constituent la réserve toujours renouvelée de travailleurs précaires et mal payés pour alimenter l’activité des centre villes : construction, restauration, transport, livraison, ménage, etc. Ce séparatisme géographique se trouve aggravé par une invisibilisation des classes populaires dans les médias et dans les représentations culturelles (cinéma, séries télévisées, etc.). Une lecture très enrichissante pour tous ceux qui, comme nous, veulent remettre les ruralités au centre du débat public et redonner la fierté à ceux qui sont nés quelque part et aspirent à vivre dans un environnement populaire et décent.
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